Si on mettait de l’ordre ? Le grand débat des maréchaux-ferrants français

Retour sur la table ronde de l’Équi Meeting Maréchalerie

Mi-octobre, lors de l’Équi Meeting Maréchalerie organisé par l’Institut Français du Cheval et de l’Équitation (IFCE), une table ronde a soulevé un sujet brûlant : faut-il créer un Ordre professionnel pour les maréchaux-ferrants ?

Une question simple, mais aux implications profondes : reconnaissance, contrôle, représentation, avenir du métier…
En clair : comment structurer, protéger et faire évoluer une profession aussi ancienne que la maréchalerie, sans la dénaturer ?

Pour nourrir le débat, j’ai mené une enquête nationale au printemps et à l’automne 2025 afin de mesurer l’intérêt réel des professionnels pour un tel organisme et recueillir leurs attentes et réserves.
244 maréchaux, apprentis, retraités ou acteurs du milieu équin ont répondu.

Ce que révèle cette étude ? Un métier en quête d’équilibre entre indépendance et structuration.

Un métier passionné, mais en quête de reconnaissance

La maréchalerie française vit une transformation silencieuse : nouvelles attentes des propriétaires, montée en puissance des “pareurs naturels”, évolution des formations…
Et au milieu, des artisans passionnés qui jonglent entre technicité, relation client et gestion d’entreprise.

“Notre métier, c’est du savoir-faire, pas du bricolage. Il faut qu’on nous reconnaisse comme des pros, pas comme des prestataires de luxe.”

Cette phrase, parmi des dizaines d’autres, résume bien l’état d’esprit général.
La création d’un Ordre professionnel apparaît pour beaucoup comme une manière de redonner du poids, du cadre et du respect à la profession.

Trois maréchaux sur quatre favorables à un Ordre : un signal fort

Les chiffres sont clairs :
73,4 % des répondants se disent favorables à la création d’un Ordre.
Seuls 21 % y sont opposés, et environ 6 % restent indécis.

Derrière ce chiffre, plusieurs motivations ressortent avec force :

  • Protéger le métier et le public : contrôler les diplômes, sanctionner les pratiques douteuses, garantir le bien-être animal.
  • Créer un registre officiel des maréchaux diplômés pour distinguer les vrais professionnels des bricoleurs.
  • Parler d’une seule voix auprès des institutions et du Ministère de l’Agriculture.
  • Instaurer une formation continue obligatoire, gage de qualité et d’évolution.

“Un Ordre, c’est notre garde-fou. Sans contrôle, notre métier se dévalorise.”
“Un registre officiel, c’est la seule façon de distinguer les vrais pros des opportunistes.”
“Mieux vaut s’organiser nous-mêmes plutôt que laisser d’autres décider pour nous.”

La tendance est nette : le besoin de cadre et de reconnaissance est massif.

Les freins : peur de perdre la liberté et d’ajouter des charges

Mais derrière cet enthousiasme, une autre voix se fait entendre : celle de la prudence.

“Un Ordre, c’est le risque de troquer notre liberté contre de la paperasse.”
“Les cotisations ne doivent pas devenir une nouvelle enclume sur nos épaules.”
“On ne combattra pas les fraudeurs avec des tampons et des règlements.”

Les maréchaux opposés à l’idée (ou simplement sceptiques) pointent plusieurs risques :

  • Perte de liberté : peur d’une standardisation excessive, d’un contrôle bureaucratique.
  • Poids financier : crainte d’une cotisation obligatoire jugée trop lourde pour les jeunes installés.
  • Bureaucratie : méfiance envers les dérives déjà vues dans d’autres ordres professionnels.
  • Efficacité réelle : doute sur la capacité d’un Ordre à réellement éradiquer la concurrence déloyale.

“Ce n’est pas un Ordre qui fera disparaître les faux maréchaux. Tant qu’il y aura des clients qui paient au noir, le problème restera.”

Un argument fort revient souvent : avant de créer un Ordre, il faut d’abord apprendre à se structurer ensemble.

“Avant de vouloir contrôler les autres, prouvons qu’on sait s’organiser nous-mêmes”

Cette phrase, entendue dans plusieurs réponses, résume un sentiment partagé.
Créer un Ordre, c’est séduisant. Mais gérer un Ordre, c’est une autre paire de manches.

“Créer un Ordre, c’est une chose ; le faire vivre avec sérieux, c’en est une autre.”
“Avons-nous les compétences en droit et en gestion pour porter un tel projet sans l’abîmer ?”
“Un Ordre mal géré ferait plus de mal à notre image qu’une absence d’Ordre.”

Environ 20 % des commentaires expriment ce doute : le projet ne peut réussir que si la profession montre qu’elle sait s’unir, s’organiser et se gouverner de façon transparente.

Ce constat n’est pas une faiblesse : c’est un appel à la maturité collective.

Les propositions concrètes des maréchaux pour faire avancer le métier

Plutôt que d’opposer “pour” et “contre”, beaucoup de répondants ont formulé des propositions constructives pour faire évoluer la profession dès maintenant :

  • Créer un registre national des maréchaux diplômés.
  • Rendre la formation continue obligatoire, pour garantir la qualité et la sécurité.
  • Uniformiser les diplômes et viser la reconnaissance européenne du BTM.
  • Mettre en place un code de déontologie clair.
  • Instaurer une gouvernance démocratique et transparente : comptes publics, élections régulières, représentation régionale.
  • Lancer une phase pilote sous forme d’association avant tout cadre légal obligatoire.
  • Informer et communiquer davantage pour lever la confusion entre “Ordre” et “syndicat”.

“Commençons par créer une structure efficace, avant de vouloir créer un Ordre national.”
“Un code de déontologie, c’est déjà un grand pas vers plus de professionnalisme.”

Le message est limpide : les maréchaux veulent avancer, mais avec méthode et cohérence.

Un métier prêt à évoluer, sans renier son âme

Ce débat autour de l’Ordre révèle une profession passionnée, lucide, consciente de ses fragilités mais déterminée à s’élever.

“On aime notre métier, mais il faut qu’on arrête de subir. C’est à nous de prendre les rênes.”

Au fond, cette discussion n’oppose pas deux camps : elle exprime la même envie d’exister, de peser, de se faire respecter.
Qu’on parle d’Ordre ou de syndicat, le cœur du sujet reste le même : la dignité du métier.

L’Union Française des Maréchaux (UFM) : la fédération avant la législation

Et c’est ici que le rôle de l’Union Française des Maréchaux (UFM) prend tout son sens.
Car avant de bâtir un Ordre, il faut bâtir une unité.

L’UFM agit déjà sur les priorités exprimées par les maréchaux dans cette enquête :

  • Représentation officielle auprès des pouvoirs publics et des institutions.
  • Soutien juridique et accompagnement administratif.
  • Défense du diplôme, de la formation et du savoir-faire français.
  • Lutte contre la concurrence déloyale.
  • Mise en réseau des maréchaux à travers tout le territoire.

“Avant d’imaginer un Ordre, travaillons ensemble. Fédérons-nous. C’est là que le changement commencera.”

Créer un Ordre est possible, oui. Mais c’est un processus long, exigeant et coûteux.
Se fédérer au sein de l’UFM, c’est agir dès aujourd’hui, de manière concrète, collective et pragmatique.

Un métier à l’aube de sa maturité

“Si nous ne structurons pas nous-mêmes notre métier, d’autres le feront à notre place.”

Cette phrase, extraite d’un commentaire de l’enquête, résume tout.
La question n’est pas seulement “faut-il un Ordre ?”, mais plutôt : sommes-nous prêts à nous organiser, à parler d’une seule voix, à construire ensemble ?

Et cette voix, aujourd’hui, c’est celle de l’UFM.
C’est par elle que peut se faire la première marche vers plus de reconnaissance, de cohésion et d’avenir pour les maréchaux-ferrants.

Pour celles et ceux qui souhaitent participer concrètement à cette dynamique, vous trouverez les bulletins d’adhésion ci-dessous.

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