La semaine internationale des maréchaux-ferrants n’existe pas !
La semaine dernière, sur les réseaux sociaux, une information a circulé avec force : ce serait « la semaine internationale des maréchaux-ferrants ». Beaucoup y ont vu une belle occasion de célébrer le métier, de valoriser les savoir-faire, voire d’imaginer un élan fédérateur à l’échelle mondiale.
Mais… cette info est tout simplement erronée. Il n’existe pas, à ce jour, de semaine internationale officielle dédiée aux maréchaux-ferrants. Pas de label mondial, pas d’accord entre pays, pas d’organisme de tutelle à l’origine de cet événement global.
Alors pourquoi cette confusion ? Et surtout : qu’est-ce qu’on pourrait imaginer, en France, avec notre culture, notre tradition maréchale, notre identité artisanale forte ? Décryptage.
D’où vient cette rumeur ? Deux événements américains souvent confondus
La National Farriers Week
La National Farriers Week a été lancée en 1998 par American Farriers Journal, une publication de référence aux États-Unis. Elle se tient chaque année, généralement début juillet.
L’objectif affiché est triple :
- Reconnaître l’importance du maréchal-ferrant dans le bien-être et les performances du cheval,
- Favoriser la reconnaissance du métier auprès du grand public,
- Encourager les jeunes à envisager une carrière dans ce secteur.
Durant cette semaine, diverses actions sont menées aux États-Unis : publications de portraits de maréchaux, démonstrations, témoignages d’éleveurs, remerciements publics, initiatives locales. Le tout repose sur une dynamique de communication soutenue par des publications spécialisées et des relais professionnels.
C’est un événement totalement américain et relayé à l’échelle nationale (même si certains pays anglophones comme le Canada ou le Royaume-Uni s’en inspirent ponctuellement sur les réseaux).
📌 Elle n’a aucune valeur officielle internationale, ni reconnaissance par une instance fédérative mondiale.
International Hoof Care Week
Créée en 2003 à l’initiative de l’American Farrier Journal également, cette semaine internationale du soin des sabots est une rencontre annuelle organisée autour de l’International Hoof-Care Summit, une rencontre nord-américaine à visée éducative.
Il ne s’agit pas d’une célébration globale du métier de maréchal-ferrant mais d’un évènement multidisciplinaire centré sur la santé du pied chez tous les animaux ongulés (chevaux, bovins, animaux de zoo…)
Ses 3 objectifs principaux sont :
- Diffuser les dernières connaissances techniques et scientifiques sur le soin du pied
- Favoriser les échanges entre professionnels de tous horizons
- Promouvoir des pratiques respectueuses du bien-être animal
Là encore, bien qu’elle se présente comme « internationale », elle reste une initiative américaine, animée par des acteurs anglophones et peu relayée en dehors du réseau professionnel nord-américain.
Et en France ?
La maréchalerie française est riche : traditions anciennes, règlementation de la pratique, excellence technique, innovations biomécaniques… Mais côté visibilité ? On est loin du compte.
Il n’existe aucun événement national dédié aux maréchaux-ferrants en France. Pas de semaine de valorisation officielle. Pas de campagne de sensibilisation. Pas de moment “fort” dans l’agenda pour expliquer, démontrer, transmettre.
La Saint Éloi, célébrée le 1er décembre, constitue le seul temps fort collectif national identifié. Il s’agit du saint patron des maréchaux (et des métallurgistes au sens large). Cette fête existe dans de nombreuses régions, parfois avec des rassemblements, des repas, voire des démonstrations. Cependant, elle reste le plus souvent organisée à l’échelle locale ou associatif, et peu médiatisée.
L’intérêt potentiel d’une semaine dédiée en France
L’idée d’une semaine dédiée aux maréchaux-ferrants en France n’est pas nouvelle, mais elle n’a jamais été formalisée au niveau national. Plusieurs axes pourraient en motiver l’existence :
- Visibilité du métier : mieux faire connaître la profession auprès du grand public, via des actions pédagogiques ou médiatiques.
- Valorisation professionnelle : créer un moment pour reconnaître les compétences, l’engagement et la technicité des maréchaux.
- Transmission et orientation : organiser cette semaine en parallèle des salons d’orientation (fin d’automne) permettrait de mettre en avant les débouchés et formations.
- Dynamisation locale : de nombreuses régions disposent déjà de maréchaux investis dans la promotion du métier.
Plutôt que de transposer le modèle américain, une semaine à la française pourrait s’appuyer sur des éléments identitaires forts :
- Le calendrier scolaire et agricole, notamment autour de fin novembre/début décembre, en lien avec la Saint Éloi.
- La diversité des pratiques régionales, en mettant en valeur les initiatives locales déjà existantes.
- Le rôle des institutions de formation et du syndicat professionnel, qui pourraient structurer un programme national souple et adapté.
Un exemple de structure possible :
- Lundi : journée d’information sur le métier (vidéos, témoignages)
- Mardi : portes ouvertes dans les centres de formation
- Mercredi : démonstrations ouvertes au public
- Jeudi : focus sur la recherche, la biomécanique, les innovations
- Vendredi : concours techniques ou rencontres régionales
- Samedi : rassemblements professionnels autour de la Saint Éloi
- Dimanche : ateliers famille ou sensibilisation grand public
Conclusion : une réflexion ouverte
La National Farriers Week américaine est un exemple intéressant de valorisation d’un métier souvent discret. Elle montre qu’il est possible de créer une dynamique nationale, avec des retombées positives en termes d’image et de cohésion.
En France, le contexte est différent : le lien au métier est plus enraciné, mais parfois moins visible. La Saint Éloi pourrait constituer un levier culturel fort pour structurer une semaine dédiée, sans en faire une copie américaine.
Il s’agit bien ici d’ouvrir une réflexion, de mettre à disposition des éléments de comparaison, et d’envisager ce que pourrait être une telle initiative en respectant les spécificités françaises.