Les maréchaux et vétos de demain sauront travailler ensemble
C’est le défi que s’est donné l’association Équi Junior Locomotion : encourager les apprentis en maréchalerie et les élèves vétérinaires à collaborer et apprendre ensemble.
Le travail d’équipe avant tout
À l’initiative de Sébastien Caure (vétérinaire – Centre hospitalier vétérinaire équin du Livet) et Patrick Doffémont (maréchal-ferrant – Compagnons du devoir), le premier colloque a vu le jour en 2016 et s’est présenté comme une première européenne dans le monde de la locomotion équine.
Pour vous présenter rapidement le concept : prenez des professionnels (et à en devenir surtout) de la locomotion, des seniors avec leurs connaissances, des jeunes avec leur soif d’apprendre, des chevaux à étudier, des supports matériels et ajoutez-y la gratuité. Observez ce petit monde coopérer pendant deux jours et laissez la magie opérer !
Sous la coupe de professionnels de terrain qualifiés, des équipes mixtes composées de jeunes en formation se penchent sur des cas cliniques et exposent leurs travaux. Jugés principalement sur le cheminement de l’étude, la coopération et la qualité de la retranscription, il n’y a pas que l’équipe vainqueure qui repart gagnante de cette expérience !
Le concours Équi Junior 2024


À la demande des élèves, le concours à muté en événement plus petit afin de pouvoir être proposé plus régulièrement et dans toute la France. L’association a pensé à un format qui pourrait être créé sur trois dates, dans différents lieux afin de toucher plus de jeunes notamment faire participer toutes les écoles vétérinaires.
Néanmoins, l’organisation n’a pu aboutir qu’en Normandie, à Saint-Hilaire du Harcouët pour cette année.
Début novembre, ils étaient une trentaine d’apprentis ou stagiaires maréchaux et une dizaine d’élèves vétérinaire venant des écoles de Saint-Hilaire, St Chély, Laval, Nantes et maisons Alfort à participer à l’édition 2024.
La préparation
Pour préparer ce concours, Sébastien Caure, Franck Tabac et des bénévoles investis ont optimisé l’organisation afin de perdre le moins de temps possible le jour J.
Concrètement, il fallait tout d’abord assurer la logistique : le plateau technique, l’hébergement, la restauration et le financement afin de garder cet événement accessible gratuitement aux apprenants.
Dans un second temps, ce sont les cas cliniques qui ont été préparés ainsi que les supports informatiques.
En effet, quatre équipes mixtes de 10 jeunes ont été composées par le staff en amont. Chacune d’entre elles avait à disposition un dossier présentant le cas clinique d’un cheval, un ordinateur avec une trame pour la présentation ainsi qu’un logiciel de conversion pour les formats de photos / vidéos.
Les chevaux sélectionnés ne présentaient pas de problèmes très importants. Enfin, la démarches ne repose pas sur des cas spectaculaires. Le choix s’oriente principalement vers des chevaux pour lesquels l’anamnèse est à disposition (visite d’achat, compte rendu vétérinaire, radios, échographies…), ce qui permet à l’équipe de faire des comparaisons, comprendre l’évolution et surtout être dans une situation que l’on retrouve facilement sur le terrain.

Le déroulement
Les deux jours de rencontre ont été séquencés par des cours théoriques, des applications pratiques, de la rédaction et les restitutions.
Sébastien Caure a proposé une approche de l’examen statique puis dynamique des chevaux que les jeunes ont pu mettre directement en application. Pour illustrer les restitutions, des photos et vidéos étaient attendues par le jury.
Franck Tabac a ensuite partagé ses connaissances sur le « mapping » permettant d’obtenir des informations sur la structure interne du pied sans avoir recours à l’imagerie. Cette technique donne la possibilité, notamment aux maréchaux, de connaître les angles palmaires, dorsaux et situer le centre de rotation du pied afin d’adapter le parage et la position du fer.
Ce procédé repose sur le positionnement de points de repères sur le pied. Après avoir recherché ces informations « de l’extérieur », les élèves ont matérialisé leurs repères par un produit de contraste et ont vérifié leurs emplacements par radiographies.
La qualité des radios et leurs interprétations font parties des axes importants pris en compte par les juges pour ce concours.
Est ensuite venu le choix de l’acte de maréchalerie à pratiquer : comment parer ? faut-il un fer ? si oui, quelle ferrure est la plus adaptée ?
Pour terminer, les équipes ont synthétisé leur travail dans un power point et l’on exposé devant leurs camarades et les seniors.
Les restitutions étaient de qualité et départager les deux premières équipes n’a pas été simple.

La finalité
Un week-end de travail comme celui-ci est bien plus qu’un concours. L’intérêt est de rassembler de jeunes vétérinaires et maréchaux autour des chevaux, les amener à réfléchir ensemble et à parler le même langage dans l’optique que cette capacité de communication perdure au cours leurs carrière respectives.
Les échanges et une meilleure connaissance des deux métiers sont vraiment le cœur du projet. Ainsi par exemple, les élèves vétérinaires sont amenés à déferrer-river, tout comme les apprentis maréchaux s’initient à la radiographie.
Le travail d’équipe a été au-delà de l’approche professionnel : les jeunes se sont également remontés les manches pour préparer les repas avec les bénévoles et assurer le rangement. Cela représentait pour chacun 4 fois trente minutes dans le week-end.
Les organisateurs sont satisfaits de cette première sous ce format où chaque participant semble avoir trouvé sa place dans une ambiance conviviale. Ils tiennent particulièrement à remercier le CFA de Saint-Hilaire pour la mise à disposition et le coup de main non négligeable.
Pour l’anecdote, un groupe Whatsapp avait été créé pour faciliter la communication en amont de la rencontre sur lequel les échanges perdurent après le concours.

La locomotion équine sans frontière
Le concept Équi Junior plaît et se développe à l’étranger ! Des rencontres de ce type ont déjà vu le jour en Roumanie, Belgique, Espagne et Canada.
À ce propos, début décembre, 16 jeunes maréchaux et 8 accompagnateurs se rendront à Cluj, en Roumanie où sont attendus 80 participants.
Les français seront accueillis par l’Université des sciences agricoles et de médecine vétérinaire. Le déroulement du concours sera semblable à celui proposé à Saint Hilaire, sur 3 jours et s’ajoutera peut-être une session de dissection. Les présentations seront assurées par les seniors d’Équi Junior.
L’intérêt d’une telle rencontre reste le partage et les échanges, notamment avec les maréchaux qui gravitent autour de l’Université.
Le développement du concept
Pour permettre le développement de ce chouette projet, l’association est toujours à la recherche de sponsors.
Pour rappel, l’ensemble des concours et des déplacements à l’étranger sont gratuits pour les participants afin de garantir l’accessibilité à tous.
L’asso peut compter sur les généreux laboratoires vétérinaires et fournisseurs en maréchalerie ainsi qu’une aide financière du fond Eperon.
Au-delà de l’aspect pécunier, toute l’organisation repose sur de nombreux bénévoles investis. On retrouve évidemment tous les professionnels de la locomotion équine mais également les « petites mains » souvent dans l’ombre et qui permettent d’assurer toute la logistique.
J’ai échangé avec différentes personnes pour préparer cet article et l’implication de tous ces bénévoles a été saluée et remerciée par tous !
Bien que « ça tourne comme ça », l’Équi Junior Locomotion est loin d’être figée. Pour permettre de toucher plus de jeunes, notamment dans différentes régions de France, l’équipe a besoin de volontaires pour multiplier les rencontres.
Écoles, maréchaux, vétérinaires… si vous êtes tentés par l’idée de mettre sur pied cet événement dans votre région, faites-vous connaître auprès des membres de l’association !